De ce Nil sacré qui coule dans mes veines, de cette brûlante passion pour l’antique civilisation des Pharaons, de cette affection toute particulière que j’ai pour les jeunes savants de la « Description de l’Égypte », du respect et de cette fierté que je ressens à l’évocation des noms de Mariette, Maspero, Desroches Noblecourt, de toute cette infinie
tendresse que j’éprouve pour la « biographe amoureuse » Fräulein Hermine Hartleben, de tout cela je veux témoigner et rendre hommage aux protagonistes, aujourd’hui à travers ce projet, mon projet, dédié au génial déchiffreur Jean-François Champollion.
L’Égypte et moi, c’est tout à la fois une relation des plus simples et en même temps des plus complexes. La plus simple est de dire que l’une de mes deux moitiés y réside en permanence. La plus complexe est de signifier par le chemin le plus court qu’entre elle et moi, les relations datent de bien avant ma naissance…Du moins, c’est bien ce que je ressens.
Quant au grand homme, ce qui me relie à lui est étrange… Je le sens présent à mes côtés, partout et à chaque instant, je parle de lui à tous propos, je le cite, je le prends en exemple… Une douce hantise en somme.
Lui et moi c’est « symbolique ». Il débarque et pose pour la première fois le pied en Égypte un 18 août… Il se trouve que mon jour de naissance est un... 18 août.
Aujourd’hui, mon seul et unique but est de faire en
sorte que petits et grands redécouvrent ce grand homme si attachant, son œuvre, sa vie, ses chères études qui aboutirent non seulement au déchiffrement des mystérieux hiéroglyphes, mais aussi à la création d’une nouvelle science, l’une des plus belles, des plus énigmatiques, j’ai nommé
l 'égyptologie.
Qui d’entre nous n’a pas été interpelé au moins une fois dans sa vie par cette magistrale sculpture égyptienne, que ce soit lors d’expositions, ou sur les images glacées de revues et de livres, ou mieux encore, au pays des Pharaons dans un temple, dans une tombe ?
Bien sûr, chacun d’entre nous est différent de son voisin, mais quand même…
Ressentir cette force tranquille face à Pharaon, frémir devant un Dieu, être ému en captant le regard de ce couple de notables qui se tiennent par la main, sembler percevoir les incantations de ce prêtre ou encore attendre désespérément aux côtés d’un scribe muni de son calame et de sa tablette les ordres.
Et puis, n’est-ce pas une véritable torture que de fixer ces drôles de signes, ces hiéroglyphes qui nous parlent mais dont aucun son ne nous parvient ? Enfin, parvenait…
Plus on s’intéresse à cette merveilleuse civilisation, moins on la comprend. Elle nous échappe, on croit le redécouvrir à chaque trouvaille mais le nombre de questions qu’elle engendre dépasse de loin celui des réponses qu’elle nous apporte… Elle nous intrigue nous fascine.
On croit la connaître, mais en réalité, qui sait ?
Elle est comme hors de notre temps, hors de notre monde, posée là de chaque côté de ce fleuve Nil, et cela depuis presque 5000 ans.
(Mais que signifie notre temps dans cet univers démesuré ?)
Et puis, un jour, les pharaons s’en sont allés… Ils ont éteint la lumière.
La suite… L’empereur Théodose en l’an 384 obligea par son ordonnance que l’on scelle définitivement les volets sur la vallée du Nil.
1400 années de mutisme. 1400 années d’obscurité…
Ces « géants », nés des poussières incandescentes, étaient redevenus poussières…
S’il y eu au cours de ces siècles longs comme des millénaires quelques tentatives à vouloir extirper l’Égypte des lises brûlantes, ce fût en vain. Les incantations, chants, odes, mélopées, les hiéroglyphes restaient sourds aux prières…
Puis il naquît. Lui, ce petit d’homme, venu aussi d’une autre époque, d’un autre monde, arrivé là sur cette terre de France avec un secret… Ce secret,c’était lui,et lui c’était… L’Égypte…
« Parce que le langage représente la forme la plus haute d’une faculté qui est inhérente à la condition humaine, la faculté de symboliser. »
« Emile Benveniste »