Lumineux-Champollion
  Lumineux-Champollion

« Un charme est au fond des souffrances comme une douleur au fond des plaisirs : la nature de l’homme est la misère. »

                     (François-René de Chateaubriand)

3:1  « Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux:

 

3:5 « un temps pour lancer des pierres, et un temps pour ramasser des pierres; un temps pour embrasser, et un temps pour s’éloigner des embrassements; »

 

3:6 « un temps pour chercher, et un temps pour perdre ; un temps pour garder, et un temps pour jeter; »

                                                    L’Ecclésiaste

 

                              1818 À 1821.



                    (OU LES TROIS « FURIEUSES »)...

                            



                                                   -1818-

 

L’un des plateaux de la balance penche       dangereusement du côté négatif en cette période     triennale aussi troublée que… troublante.

 

Troublée ; parce que la fratrie Champollion, lors cette époque, n’aura de cesse de faire face à toutes sortes de tracas, jalousies, cabales, dont certaines hélas, se poursuivront par-delà la mort de Jean-François.



« L’homme est si grand d’esprit et si petit d’acte. »

                                Anne Franck.  



Toujours à propos de Cadet, l’on reste saisi devant la somme des tâches qu’il effectue avec conscience et disponibilité. (Mais combien est-il !?)

Á trop tirer sur la corde, hélas… Il est victime de déprimes mais plus grave, d’évanouissements, les mêmes qui surviendront plus tard dans les temples égyptiens.

Passionné, possédé, dévoué, désintéressé, voilà, c’est cela Jean-François Champollion.

Il s’est « offert » aux autres, aux sciences, et tant pis si la santé ne suit pas ici-bas. Advienne que pourra.

 

L’aîné des Champollion, quant à lui, n’était pas en reste. Alors qu’il briguait un fauteuil à l’académie début 1818, il fût au final « recalé ». Les vainqueurs et les perdants de cette élection ne furent peut-être pas les candidats eux-mêmes, ce fût la quantité qui prima sur la qualité des soutiens.

 

Troublante ; car est-ce la réception inespérée en juin 1818 d’un calque de Rosette réalisée par son ami Jollois qui redonna des forces à Jean-François et lui permis cet éclair de lucidité sur sa situation du moment, lucidité sur ses travaux, lucidité sur l’homme qu’il était devenu, lucidité quasi testamentaire englobant ce tout dans une nimbe saturée d’émotion si touchante ?

 

Dans un courrier à son aîné, il fit part de cette « clairvoyance » qui n’appartient qu’aux génies, toute emprunte à la fois de son instinct oriental et de son côté cartésien d’occidental.

Il avait élevé sa plume au dessus du papier, des hommes, de l’Histoire, de sa propre vie et avait « vu » qu’il n’était pas temps de divulguer au monde ses travaux trop frais et insuffisamment éprouvés encore sous le soleil de La Mère Patrie. Cette âme pénétrante, un don du Nil…

 

Si les « Anciens » n’avaient pas tout à fait terminé son enseignement, préméditaient ils déjà son « enlèvement ». La vision humaine, si perspicace fût-elle, ne permettait pas d’appréhender le « Pays des   Deux Terres », trop vaste, trop « haut » pour un simple parcours terrestre, poussière de poussières à l’image de la temporalité universelle. Jean-François Champollion pourra bénéficier de cette       « faveur Amonesque » bientôt, n’est-il pas « l’Élu » ? Son Panthéon sera son album de famille. Mais à l’instant, patience… confiance…

 

-« La renommée ? Je m’en moque proféra t-il. »

-« Mon système moral et religieux mène et tend toujours au repos. (…) Quoique je n’aye connu jusques à présent ni celui du corps, ni celui de la tête et encore moins celui de mon cœur ; ce dernier est le côté faible et, malheureusement pour moi peut-être, celui qui conduit toute mon existence. Sic voluere fata. (Ainsi le veulent les destinées.)

 

Rappelle-toi, Jean-François, de ce que tu disais de ce beau pays qui s’étend vers l’Est…

-« De tous les peuples que j’aime le mieux, je vous avouerai qu’aucun ne balance les Égyptiens dans mon cœur. »

 

Ton âme est à l’Égypte, tout comme ses secrets sont enfouis en toi.

 

Début 1818, son dictionnaire des hiéroglyphes démarrait. D’Albion, le docteur Young pressait, à Paris Jacques-Joseph stressait, et à Grenoble, Jean-François lui, temporisait…

 

30 décembre 1818, du côté de la cathédrale de Grenoble, se faisait entendre une marche nuptiale…

Monsieur Jean-François champollion, né le 23 décembre 1790 à Figeac, département du Lot, désirez vous prendre pour épouse la ci-devant Mademoiselle Rose Blanc ici présente, née le 11 février 1796 à Grenoble, Isère…

 

                             -1819- 

 

-Publication par le docteur Young d’un article intitulé : « Égypt. »

-Le Comte Balbo, « envahisseur » du Dauphiné lors des Cent-jours, continuait à faire les yeux doux à notre futur déchiffreur en lui offrant un poste dans son musée de Turin.

-Septembre, octobre, on joue à la « chaise musicale » à la Bibliothèque… deux joueurs… messieurs Ducoin et Champollion-Figeac… s’il n’en reste qu’un, lequel sera celui-là ?

Finalement Champollion-Figeac récupère « son » titre.

  

             -1820-

 

Il fait un temps « ignoble » à Grenoble…

 

-Février, arrivée dans la capitale du Dauphiné du nouveau préfet, le Baron d’Haussez.

-Juillet, duel de crocodiles à la préfecture ; « Sobek » fait face au « crocodile gardois. »

Cadet et d’Haussez s’affronte verbalement ce qui n’augure rien de très bon…

Tempête de neige, avalanche, blizzard en plein mois de juillet à la Préfecture… blizzard blizzard, vous avez dit blizzard…

 

Septembre1820, est-ce un compte à rebours « funeste » qui vient de s’enclencher en écho à celui du déchiffrement ? Il se plaint à son frère que cette année aura été pour lui des plus épuisantes. Vertiges, évanouissements. Mais il assure qu’il résistera…

 

Novembre 1820, la fratrie Champollion règne à nouveau sur la bibliothèque municipale.

 

 

          -1821- 

 

En mars 1821, d’escarmouche en escarmouches…

Le 3 de ce mois, l’on décide en haut lieu de retirer sa chaire d’histoire à Monsieur le Professeur Champollion-Jeune.

En avril, parution d’un petit ouvrage écrit en 1819 par Jean-François : « Écriture hiératique des anciens Égyptiens. » 7 pages, 7 planches,

23 juin, « Cadet » révoqué de sa chaire d’histoire. « Il ne me reste plus que ma maladie », écrit-il à son frère et de rajouter fataliste dans un sens positif : « Ce sont mes études égyptiennes qui y gagneront. » (Bien vu !)

Finalement, tous ces combats extra-hiéroglyphiques auront eu raison de sa patience si ce n’est de sa santé… Il voulait garder ses forces, toutes ses forces pour son « grand œuvre ». La guéguerre sourde et permanente depuis l’arrivée du nouveau préfet, très peu pour lui. En quelque sorte, il en avait assez du Baron d’Haussez….

 

Le 11 juillet 1821, nouveau concert de grincements, nouveau départ, nouveaux adieux…

Allez, fouette cocher !!!! Á nous deux Paris !!!

  

« Va jusqu’au bout. Puis tombe ». 

                      Carnet du méditant

 

                                                               

MISSION CHAMPOLLION

 



Par Patrick Kararsi

  

   

Statue de Bartholdi – Collège de France .   « Je veux consacrer ma vie à l’antique Egypte. » JF Champollion. Statue de Bartholdi – Collège de France . « Je veux consacrer ma vie à l’antique Egypte. » JF Champollion .
JFC par Mauzaisse 1830 (Copie, don de Mr Hervé Champollion) JFC par Mauzaisse 1830 (Copie, don de Mr Hervé Champollion)
JFC par Rougé JFC par Rougé
JFC par Étex JFC par Étex
JFC à l'IFAO au Caire JFC à l'IFAO au Caire
JFC JFC
JFC par Mme de Rumilly 1823 JFC par Mme de Rumilly 1823
JFC par Angelelli 1836 JFC par Angelelli 1836
Hermine Hartleben 1ère biographe de JFC 1906 (Don de Mr Martin Hartleben) Hermine Hartleben 1ère biographe de JFC 1906 (Don de Mr Martin Hartleben)
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