Lumineux-Champollion
  Lumineux-Champollion

Jeudi 9 août 1832, rue Favart, 10 heures le matin…

 

Une calèche avance au petit trot dans une rue     Richelieu à-demi ombragée en cette heure matinale.   Sans ralentir, elle tourne sur sa gauche rue Neuve-   Saint-Marc, puis encore à gauche rue Favart.

Charles tire sur les rênes, Marengo stoppe. Deux     Messieurs descendent de la voiture. Le premier est le clerc de Maître Castel, le second est le notaire     suppléant, Maître Thomas. Ils sont arrivés devant le 4 rue Favart  afin de préparer la rédaction de       l’inventaire après décès du Grand Jean-François     Champollion, requis par sa veuve, Rosine Blanc, ainsi que par le frère, Jacques-Joseph Champollion-Figeac et qui doit débuter ce jour  à 11 heures.

Le cocher salue ces Messieurs puis émet un  petit cri qui fait se dresser les oreilles de son cheval Marengo. C’est le signal du départ.

 

 

Jeudi 9 août 1832, à l’angle des rues de Choiseul et de Hanovre, 10 heures trente minutes…

 

La calèche se déporte sur sa gauche et quitte le       boulevard des Italiens pour entrer dans la rue de     Choiseul. En passant devant le n° 11 qu’il connaît     bien, sur la droite, Charles  jette un coup d’œil       rapide… Il ralentit, met son cheval aux pas, vire à   droite dans la rue de Hanovre puis arrête la voiture à l’ombre. Il descend, marche, revient sur ses pas…

La petite clochette d’alarme tinte rudement à la       porte de l’Office. Le jeune homme entre, accompagné d’une bouffée de chaleur qui circule dans Paris et que la précédente nuit n’eut point dissipée.

(Charles)

-Bonjour Madame Malo…

-Bonjour mon petit Charles… (Elle quitte sa place et vient embrasser son filleul.)

Monsieur Bonnefons se prépare…Comment va ta chère maman ?

(Ch.)

-Oh tout-à-fait bien, merci… Elle me prie de vous transmettre son bon souvenir.

(Au même instant, Maître Bonnefons sort de son bureau dont la porte d’accès se trouve sous l’escalier qui mène à une mezzanine où s’empilent les archives de l’Office.)

-Ah, bonjour Charles…

(Ch.)

-Bonjour Monsieur… Maître Castel vous prie de bien vouloir l’attendre dans la voiture rue Neuve-Saint-Augustin. Il dépose un courrier à deux pas d’ici pour une signature chez un client aussi « important » qu’ « impotent », et il vous rejoint, m’a t-il déclaré…

(B.A.B.)

-Hahaha !!! Toujours le bon mot votre patron ! Très bien… Allons-y… Au revoir Madame Malo, je ne sais si je vous verrai ce soir à mon retour… Pendant que j’y pense, les deux dossiers rouges sur mon bureau sont à archiver en haut… Alors à ce soir…

(M.M)

-Á ce soir Maître,et bon courage… Au revoir Charles…

Les deux hommes au sortir de l’Office furent surpris par la chaleur devenue presque incommodante.

(B.A.B.)

-Voyez-vous ce sable mon petit Charles sur le sol? Et bien depuis peu, chaque matin il est là… On le balaie et peine perdue, il revient… On ne sait d’où, ni pourquoi, ni comment… Fichtre ! Enfin…

 

Le cocher regarda cette « flaque » de « poudre d’or », dubitatif, tout en indiquant d’un geste lent, l’emplacement où se trouvait la calèche, à droite dans la rue de Hanovre…

Le commissaire-priseur consulta sa montre qu’il remisa presque aussitôt dans le gousset de son gilet.

-Hummm… Trente minutes passées de dix heures… Nous sommes dans les temps Charles… Heureuse idée de vous être placé là à l’ombre…

Charles ouvrit le portillon, Maître Bonnefons prit place. Souhaitez-vous que je tende la capote Monsieur ?

(B.A.B)

-Non non, nous prendrons l’air en roulant… Et puis un peu de soleil sur nos crânes ne pourra que réchauffer nos âmes… Sol lucet omnibus ! (Le soleil luit pour tout le monde !)

 

Les deux hommes laissèrent éclater de grands rires d’enfants…

 

Marengo fit demi-tour, reprit la rue de Choiseul par la droite puis fila jusqu’à la rue Neuve-Saint-Augustin…Là, la calèche avança encore de quelques pas avant de s’arrêter de nouveau à l’ombre salvatrice  d’un haut immeuble.

 

(B.A.B.)

-Charles, si vous me le permettez, et puisque nous avons quelques minutes, j’aimerais vous poser une question, heu… comment dire… indiscrète… Et à laquelle vous n’êtes point tenu de répondre, bien sûr…

(Ch.)

-Je vous écoute Monsieur…

(B.A.B.)

-Voilà… Vous me paraissez bien « intime » avec Madame Malo… Je me trompe ?

(Ch.)

-Non Monsieur, vous ne vous trompez point. Madame Malo est ma marraine, ma seconde maman…

(B.A.B.)

-Ha ?

(Ch.)

- Mon regretté père a été pendant trente cinq ans le cocher en titre de feu M. Malo. Mes parents étaient au service et M. et MME Malo qui ont toujours eu beaucoup d’affection à leur endroit. Lorsque je vins au monde, Mme Malo s’est immédiatement proposée pour être ma marraine… Comme maman travaillait beaucoup, c’est cette grande et noble Dame qui m’éleva, m’instruisit, m’inculqua le goût de la lecture et de l’écriture. Mon  attrait prononcé pour les livres, la poésie, l’Histoire et l’Égypte vient de l’éducation qu’elle me prodigua avec une infinie tendresse. Ses contes de mille sortes berçaient mes nuits … Mes préférés étaient ceux où je rencontrais « les Vieilles Moustaches » de la Garde Impériale de Napoléon, mes héros !

Alors voilà pourquoi je considère Madame Malo comme une fée qui, sur mon berceau s’est penchée… Peut-être occupé-je dans son cœur la place laissée vide par l’enfant qu’elle n’eut point…

(B.A.B. ému par ces mots sincères)

-Vous me pardonnerez ma « maladresse »… Je suis désolé d’avoir été aussi curieux…

Cette une bien belle histoire ma foi… Et si je puis me permettre, je conforte votre idée que Madame Malo est véritablement une fée…

(Ch.)

-Oh Maître, ne soyez pas désolé… Et vous n’êtes point curieux… Mme Malo m’est très chère, voilà tout… Cela se voit un peu trop peut-être… Et vous savez pourquoi maintenant.

(B.A.B)

-Merci encore de m’avoir « confessé » cette intimité

Charles…

 

Maître Bonnefons termina à peine sa phrase qu’une voix  au loin héla le cocher… C’était celle de Maître Castel qui s’en revenait…

 

-Me voici Charles. Sacrebleu quelle chaleur, maugréait-il tout en épongeant son front.

Il consulta sa montre. Dix heures passées de trente-sept minutes. C’est bien.

S’adressant à son cocher, il dit :

-Allez Charles, direction rue Favart, numéro 4. Passe par le boulevard des Italiens et… « lentano » (lentement)…

Charles tout en acquiesçant referma le portillon et gagna sa banquette…

(H.C.)

-Bonjour mon cher Benoît-Antoine…

(B.A.B.)

-Bonjour mon cher Hippolyte…

 

(H.C.)

-Et votre estomac, cette boule ?

(B.A.B.)

-Ma foi, toujours là… (Le commissaire-priseur joignit le geste à la parole en se frottant le ventre)…

 

La calèche démarra… Marengo, selon les indications progressait aux pas…

La rue de Choiseul fut rapidement dépassée, on vira à droite rue Neuve-des-Petits-Champs…

                                                                                                   Suite page 3

MISSION CHAMPOLLION

 



Par Patrick Kararsi

  

   

Statue de Bartholdi – Collège de France .   « Je veux consacrer ma vie à l’antique Egypte. » JF Champollion. Statue de Bartholdi – Collège de France . « Je veux consacrer ma vie à l’antique Egypte. » JF Champollion .
JFC par Mauzaisse 1830 (Copie, don de Mr Hervé Champollion) JFC par Mauzaisse 1830 (Copie, don de Mr Hervé Champollion)
JFC par Rougé JFC par Rougé
JFC par Étex JFC par Étex
JFC à l'IFAO au Caire JFC à l'IFAO au Caire
JFC JFC
JFC par Mme de Rumilly 1823 JFC par Mme de Rumilly 1823
JFC par Angelelli 1836 JFC par Angelelli 1836
Hermine Hartleben 1ère biographe de JFC 1906 (Don de Mr Martin Hartleben) Hermine Hartleben 1ère biographe de JFC 1906 (Don de Mr Martin Hartleben)
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