Lumineux-Champollion
  Lumineux-Champollion

MADEMOISELLE HERMINE HARTLEBEN

 

                 -Deuxième partie-

 

    Élève studieuse, « égyptienne » mystérieuse…

Ce monde est la porte d’entrée, c’est une barrière, et, en même temps, c’est le passage.

                                                                            Simone Weil, in la Pesanteur et la Grâce, 1947

Hermine Hartleben est née le 2 juin 1846 dans la maison familiale de Gemkenthal.

Johann Heinrich Friedrich Hartleben, son père, est garde forestier. Sa maman, Charlotte Dorothée       Wilhelmine née Fischer s’occupe de la nombreuse     petite famille.

Elle est la huitième et dernière enfant du couple. Deux frères, Albert né en 1834, et Bruno, né en 1835, ainsi que cinq sœurs, Clémentine née et décédée en 1836, Élise née en 1838, Wilhelmine née en 1840, Marie née en 1841 et Meta née en 1843 l’auront précédée.

En 1849, le 22 janvier, un drame survient. Charlotte la maman meurt des suites d’une sclérose du foie. Elle était âgée de 45 ans.

Dès lors le père, Johann, éprouve quelques difficultés à concilier travail et éducation des enfants. C’est     pourquoi il confie avec déchirement la petite         dernière, Hermine, à son frère Wilhelm et sa belle-sœur Juliane car encore toute jeune, celle-ci réclame plus d’attention qu’il ne pourrait lui en donner.

La petite Hermine vivra là également dans une charmante famille avec de nombreux cousins et       cousines ; sont présents et présentes Wilhelm,         Auguste, Hermann, Thérèse, Georg, ainsi que Ida la   cadette, un peu sa jumelle car née tout comme elle en 1846.

 

Les archives nous indiquent que la jeune Hermine fréquenta l’école pour filles de Clausthal où était déjà scolarisée sa cousine Ida, et ce, de Pâques 1859,       jusqu’à la fin septembre 1860, date de sa               « confirmation ».

 

Mystère de l’enseignante.

 

Sur les bases d’un article paru dans le Vossische Zeitung, Hermine serait devenue enseignante, car elle aurait « passé » et donc « réussi » ses examens.

 

Mystère parisien.

 

L’on suppose, en se référant au cursus en vigueur à cette époque (années 1860/1870)

que notre héroïne eut certainement exercé le métier de gouvernante ou de préceptrice à Paris, ceci  afin de perfectionner son français et son anglais.

En tous cas, c’est bien lors de son séjour à Paris où elle se trouve en 1879, qu’elle reçoit une réponse d’un pensionnat grec de Constantinople l’informant que sa candidature pour un poste d’enseignante a été retenu. À charge pour elle maintenant de s’y         présenter pour le 13 septembre. Sa fonction est     dénommée comme telle : professeur de français,       d’allemand, de musique, avec la charge de la       surveillance pédagogique et de la conversation.

 

Mystère égyptien.

 

La Vossische Zeitung nous informe ensuite qu’au   début des années 1880, Mademoiselle Hermine     Hartleben se trouve  en Égypte… (Miracle de La     Destinée !) Elle est au service d’un Pacha au Caire   car voici ce qu’elle écrit à sa famille :

-(…) 5 enfants sont morts, les deux survivants Minera Hanoun 10 ans, et Hassan Bay 7 ans et demi sont des enfants gentils et doués ; ils ont appris à lire le français en l’espace de 7 jours. Minera est très belle et aussi élégante qu’une Parisienne. Madame Khairi est toujours triste, elle reste à la maison. Elle est très bonne avec moi et répond à toute question concernant mes obligations par : « comme vous voulez, quand vous voulez. » Toutes les esclaves sont Circassiennes, vêtues de blanc… 3 eunuques se tiennent dans la cour intérieure, 8 serviteurs dans la cour extérieure.

La maison du Pacha est fortifiée. On y dort d’un sommeil t tranquille. les nuits merveilleusement calmes.           La  nourriture est turque mais très bonne.                 Exceptionnellement (c’est contre la loi), je prends le thé du matin avec le Pacha et son épouse. Je déjeune avec l’épouse car Son Excellence déjeune avec le Khédive. Le soir je dîne avec la gouvernante, qui est une femme libre. Elle est l’âme de la maison et infiniment bonne. Elle m’appelle sa fille et m’a fait une place dans son cœur.

Ainsi Dieu m’a fait rencontrer des gens bons et aimables dans cette maisonnée turque. Ne vous faîtes donc pas de soucis.

 

C’est également en croisant sa correspondance avec celle de l’un des ses oncles que l’on apprend qu’un     malheur est survenu dans le quotidien de notre       héroïne. Il semblerait en effet qu’elle ait perdu son   fiancé dans des circonstances qui nous sont restées inconnues.

 

 

Mystère d’une longue nuit.

 

Ensuite, le soleil d’Égypte qui réchauffait tant l’âme de Mademoiselle Hartleben se coucha. Ce fut une     longue nuit… Une nuit « biblique ». Et l’aube ne     renaîtrait que cinq années plus tard…

Rien, ou plutôt presque rien,  pour ces années qui     vont de 1885 à 1890. Le monde du silence ? Non, car   un indice d’activités manuscrites existe sous forme de documents classés « confidentiels », et dont les       noms des destinataires restent illisibles…

L’un d’eux (ces documents manuscrits), a attiré mon attention. Il est daté du 24 mars 1889, et je vais en retranscrire ci-dessous une grande partie, car il est aussi important, aussi précieux à mes yeux qu’aurait pu l’être un manuscrit trouvé dans une grotte de la mer morte… Pourquoi ? Parce qu’il est la           représentation « personnifiée » d’une science, en     l’occurrence l’égyptologie allemande, l’une des plus   brillantes,  des plus sûres, des plus « intimes » avec la belle et mystérieuse Égypte.  La proclamation d’un « chef »? Peut-être… Ces mots émanent en tous cas d’une entité supérieure.   Ils montrent la voie que cette science doit suivre. L’égyptologie allemande, un peu égarée, un peu timide a trouvé son « guide ». Si Jean-François Champollion est le « Père » de     l’égyptologie, Hermine Hartleben, est,  pour moi, la   « Mère » de l’égyptologie allemande. Et lorsque  j’écris « Mère », c’est à prendre dans tous les sens du terme, à la fois « créatrice », et « maternelle »…

Une profane touchée par la grâce…  À cet instant,   que je pressens  comme  « historique », L’Égypte nous « présente » sa dernière Reine pour sauver son dernier fils, le déchiffreur Jean-François             Champollion.

L’éternel recommencement de l’Histoire ne doit pas recommencer, et il ne recommencera pas. Haro sur l’oubli, sur le silence !

 

Debout devant ce tableau, face au déchiffreur, ses yeux captant le  mystérieux regard de « Séghir », soudain elle semblera lui dire : Lève-toi et marche 

 

Article « confidentiel » en date du 24 mars 1889.

 

-Mon vif intérêt pour des recherches effectuées en Égypte m’a fait regretter, durant mon séjour prolongé dans ce pays, le manque d’implication allemande dans les fouilles archéologiques dans la vallée du Nil, et ce en dépit de l’immense valeur de ses égyptologues qui pourtant a si souvent et avec succès aspiré à un rôle déterminant dans le domaine des sciences. (…) L’espoir d’une réussite ne peut guère être amenuisée par le fait qu’un profane reprenne le travail là où les spécialistes ont échoués, car même dans notre ère de pensée concrète, la passion pour un grand et juste dessein peut faire des miracles ; une étincelle déterminante peut tomber sur un esprit aux sentiments similaires et y donner naissance au plus merveilleux des dévouements.

(…) Bien que monsieur le ministre des Affaires culturelles ne puisse, pour des raisons évidentes, prendre directement fait et cause pour une affaire purement privée, il m’a tout de même laissé espérer, par son vif intérêt pour celle-ci, qu’il pourrait dans l’avenir continuer à prêter une oreille bienveillante aux demandes d’évaluation de la situation. Pour procurer la somme nécessaire – d’au moins 60 000 Marks – je me tourne en toute confiance vers ceux de mes compatriotes dont la reconnaissance perspicace des ambitions scientifiques ainsi qu’une conscience nationale vivace devraient exclure un rejet de ma demande, et dont la situation financière devrait leur permettre en même temps de faire ce beau sacrifice.

Le Comité oriental, né également d’initiatives privées, continuera provisoirement les fouilles en Asie, et il serait injuste d’exiger l’interruption de ces importants travaux dans cette région. Le fonds égyptien, indépendant du dit Comité, et qui reste à réunir, ne doit en aucun cas être considéré par ce même Comité oriental comme une concurrence ou un fâcheux éclatement d’organisations à but équivalent, mais au contraire comme un complément souhaitable à leurs propres aspirations.

Les fouilles, en particulier, si celles-ci sont effectuées dans le Delta où deux emplacements ont déjà attirés notre attention, ne devraient être que très peu, voire pas du tout, contrariées par le gouvernement égyptien. Bien qu’elle n’ait été pour l’instant  accordée qu’à titre personnel, il existe une garantie précieuse que du côté spécifiquement français aucun obstacle ne serait placé dans le chemin de ce projet allemand.

Des objets provenant des fouilles, il serait disposé comme suit : une partie serait réclamée par le musée de Boulaq (le Caire), en procédant très probablement selon les principes en vigueur du Égypt Exploration Fund. Parmi les œuvres dont le gouvernement égyptien autorisera l’exportation, le premier choix reviendrait au musée égyptien de Berlin. les trouvailles non réclamées par celui-ci ainsi que tous les doubles, qui ne font jamais défaut, seraient remis aux musées régionaux de Cologne, Francfort sur le Main, Breslau, Hanovre etc. Au cas où des Allemands non-Prusses, comme par exemple Bavarois, saxons, etc participeraient à cette collecte, les musées de Munich, Dresde etc se verraient attribuer le droit à une part des trouvailles. 

                                                  Suite page 3    

MISSION CHAMPOLLION

 



Par Patrick Kararsi

  

   

Statue de Bartholdi – Collège de France .   « Je veux consacrer ma vie à l’antique Egypte. » JF Champollion. Statue de Bartholdi – Collège de France . « Je veux consacrer ma vie à l’antique Egypte. » JF Champollion .
JFC par Mauzaisse 1830 (Copie, don de Mr Hervé Champollion) JFC par Mauzaisse 1830 (Copie, don de Mr Hervé Champollion)
JFC par Rougé JFC par Rougé
JFC par Étex JFC par Étex
JFC à l'IFAO au Caire JFC à l'IFAO au Caire
JFC JFC
JFC par Mme de Rumilly 1823 JFC par Mme de Rumilly 1823
JFC par Angelelli 1836 JFC par Angelelli 1836
Hermine Hartleben 1ère biographe de JFC 1906 (Don de Mr Martin Hartleben) Hermine Hartleben 1ère biographe de JFC 1906 (Don de Mr Martin Hartleben)
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