TEXTE DE LA STÈLE DU SCRIBE D’ABYDOS
Je sais estimer les mesures, retrancher et introduire par ajustement jusqu’à ce qu’un corps se mette en place. Je connais le pas de la statue mâle, et l’allure de la statue de femme, l’attitude des onze rapaces, la manière dont le chasseur d’hippopotame lève le bras, et le mouvement des jambes de celui qui court. Je sais faire des pigments, des produits qui fondent sans que le feu les brûle, et, en outre, insoluble à l’eau. Personne n’en aura connaissance excepté moi-seul et mon fils aîné. Le Dieu ayant ordonné qu’il pratique en initié.
La chanson du battage du grain.
Hi-tênou-nêten (sop snav)
« Battez pour vous (bis)
Né-héhéou
Ô bœufs »
Hi-tênou-nêten (sop snav)
« Battez pour vous » (bis )
Hen-oïpe-nêten
« Des boisseaux pour vous »,
Hen-oïpe-ennêtennèv.
« Des boisseaux pour vos maitres ».
-La poésie n’est pas très brillante ; probablement l’air faisait passer la chanson…
(Biban-el Molouk, tombeau de Rhamsès Ier par Bertin)
Biban-el Molouk, 18 mai 1829,
-(…) J’apprends par ta dernière qu’on voudrait que mes lettres fussent adressées à M. tel et à M. tel : je trouve fort inutile d’y mettre le nom de personnes qui n’entendent absolument rien à la matière. D’ailleurs, mes lettres contiennent des résultats entassés, -ce sont des notes pures et simples, des espèces d’annonces, et non des lettres à effet, telles qu’il les faudrait pour les grands seigneurs.
CHAMPOLLION, UN GÉNIE AU TENDRE CŒUR…
« À Béni-Hassan-el-Qadim, dans le tombeau
du nommé Rotéi (c’est l’hypogée composé d’une seule chambre rectangulaire,
ornée dans le fond de deux rangées de trois colonnes, et dont la porte regarde
l’Ouest et la vallée de l’Égypte), on remarque sur la paroi méridionale un
enfoncement régulier taillé comme pour une armoire, et c’est dans l’épaisseur
de cet enfoncement que j’ai trouvé, écrite au charbon et presque effacée, cette
inscription bien simple : 1800. 3e RÉGIMENT de DRAGONS. Je me
suis fait un devoir de repasser pieusement ces traits à l’encre noire avec un
pinceau, en ajoutant au-dessous : J.F.C RST. 1828
Thèbes, le 18 juin 1829,
Voici quelques exemples de ces formules donatrices, extraites des galeries et des colonnades du Rhamesséion :
« J’accorde que ton édifice soit aussi durable que le ciel. »
(Amon-Ra).
« J’inscris à ton nom les attributions royales du soleil. »
(Thoth).
« Je t’accorde une longue vie pour gouverner le Monde par un règne joyeux.»
(Sèv, Saturne).
« Je t’accorde que ton nom soit fondé dans le cœur des barbares. »
(La déesse Pascht).
UN OBÉLISQUE À PARIS ! UN OBÉLISQUE À PARIS !
1er août 1829,
Je suis bien aise que le savant ingénieur anglais
ait eu la belle idéé d’une chaussée de trois cent mille francs pour dégoûter
son gouvernement et par contre-coup le nôtre des pauvres obélisques
d’Alexandrie. Ils me font pitié depuis que j’ai vu ceux de Louqsor. La vieille
Thèbes sera consolée, et de reste, en gardant celui de Karnac, le plus beau et
le plus admirable de tous. Mais je ne donnerai jamais mon adhésion (dont on
pourra fort bien se passer du reste) au projet de scier en trois un de ces
magnifiques monolithes. Ce serait un sacrilège : tout ou rien. Sans
dépenser trois cent mille francs en préparatifs préliminaires, on pourrait
mettre sur le Nil, chargé sur un radeau proportionné, l’un des deux obélisques
de <Louqsor (et je désigne celui de droite par de bonnes raisons à moi
connues, quoique le pyramidion en soit brisé et qu’il paraisse de quelques
pieds moins élevé que son voisin). les hautes eaux de l’inondation l’amènerait
à la mer et jusques au vaisseau qui devrait le charger pour l’Europe.
LE HÉROS EST FATIGUÉ…
Champollion était à bout de force sans vouloir se l’avouer à lui-même. Le long séjour dans la vallée des Rois, du 23 mars au 8 juin, et surtout les recherches multiples et fort compliquées qu’il avait dû exécuter dans la solitude absolue des catacombes, afin d’y reconnaître à fond la véritable chronologie et aussi celle de la religion des Anciens Égyptiens, avaient miné sourdement ses forces ; il avait été plusieurs fois trouvé à terre, évanoui, dans les salles souterraines où il voulait être seul au grand chagrin du jeune Cherubini, à qui il répétait souvent, paraît-il : « Il me faut le silence absolu, afin d’entendre la voix des ancêtres, -l’influence locale est grande ! »
Champollion aimait beaucoup les animaux, sur lesquels, dès son enfance, il exerçait une sorte d’attraction magnétique, ce qui n’était pas resté inaperçu en Égypte.
(la nièce de Champollion, Mme Falathieu, née en 1815, morte le 18 mars 1903, parlait volontiers de ce pouvoir d’attraction, et elle s’en rappelait plusieurs exemples étonnants.)
NETOR L’HÔTE EN A ASSEZ !!!
(…) Néanmoins il se plaignait sans cesse, et un jour, en s’adressant mentalement à Champollion, il mettait sur le papier : « … Tu peux bien compter que, si je suis venu en Égypte un peu pour toi, ce n’est pas pour toi que j’y reste, mais bien pour moi, pour mes quêtes, mon instruction et ma curiosité. » et dans sa nerveuse surexcitation il se plaint des hiéroglyphes si onéreux et si importuns. « Nous tous, nous en avons attrapé une indigestion ! En avons-nous absorbé ! En avons-nous englouti ! Une année de travail, une année sans interruption, -pas un jour de repos, pas une minute de trêve. » … « Je tiens aux douanes, et vive la douane, qui, avec la recommandation naturelle que me procure mon voyage et avec mon mémoire sur le commerce d’Orient, va me recevoir dans ses bras. »
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